Vers et vermifuges chez nos équidés : comment maintenir nos animaux en santé et vermifuger de manière raisonnée

De la conférence présentée par la Dresse vétérinaire Ophélie Christen et la Dresse biologiste Liselore Roeflstra il faut retenir plusieurs choses très importantes et méconnues du grand public, mais tout autant souvent ignorées par le monde vétérinaire.

Depuis toujours nos équidés sont sensibles aux parasites intestinaux qu’ils hébergent et nécessitent un suivi différencié dans leur prise en charge. En effet, un poulain ne nécessite pas le même accompagnement qu’un cheval adulte ou âgé.

En règle générale, c’est certainement votre cas d’ailleurs comme cela l’a été pour moi, l’habitude en Europe c’est de vermifuger 4 fois par année (aux changements de saisons) tous les animaux de l’écurie et en choisissant chaque fois une autre molécules et… basta.

J’ai aussi fait partie de ces propriétaires qui suivaient sans se poser de question le plan de vermifugage proposé par son vétérinaire. Je ne me suis d’ailleurs jamais demandée si ce que je faisais était efficace ou pas pour mon cheval, puisqu’on m’avait dit qu’il fallait faire comme ça.

Un peu d’histoire

Or, il s’avère que ce mode de vermifugation systématique 4 fois par an a pour origine les années 60, où à cette époque sévissaient les grands strongles, vers intestinaux qui avaient la particularité de migrer à travers les vaisseaux sanguins et le mésentère et donc de créer des hémorragies mortelles et subites. Afin de pallier à ces infestations de grands strongles, les études vétérinaires avaient montré la nécessité d’une intervention répétée, régulière et importante de vermifuges. Et c’est ainsi que la vermifugation saisonnière est née !

Toutefois en 2020, les grands strongles n’existent plus ou presque et ce depuis plus de 30 ans, mais on contine à vermifuger 4 fois l’an comme en 1960, participant ainsi à l’augmentation de la résistance aux molécules chimiques des parasites de nos animaux.

Les conséquences d’une vermifuguation non raisonnée

Les dernières études vétérinaires sur les parasites ont montré que nos équidés se portent mieux avec une certaine quantité de vers intestinaux, ce qui a permis qu’une « norme » soit fixée à moins de 200 oeufs par gramme de crottins (<35o au Danemark) qui est le seuil pour lequel il n’est pas nécessaire de vermifuger automatiquement son équidé.

En effet, vouloir trop vermifuger et avec n’importe quel produit est très contre-productif. Dans la conférence la biologiste Liselore Roeflstra présente différentes études qui montrent que de vermifuger par exemple un poulain 5 fois d’affilées sous prétexte qu’on va éliminer tous ses vers, de plus avec une substance qui ne fait plus effet, car pratiquement tous les vers en Europe sont devenus résistants à cette substance est contreproductif et dangereux pour la santé de l’animal. En Australie, certains champs sont interdits de pâture pour plusieurs années, parce qu’ils sont infestés d’oeufs de parasites devenus résistants à toutes les substances disponibles sur le marché !

Par ailleurs du point de vue écologique, il faut savoir que les crottins contiennent encore des substances chimiques qui se retrouvent sur le champ et contaminent la micro-faune coprophage, puis les prédateurs de ces insectes à leur tour, entraînant l’appauvrissement progressive de la biodiversité de la prairie.

Ce qui est recommandé

L’analyse des crottins permet de réaliser deux tests : le premier étant le comptage du nombre d’oeufs par gramme de crottins et le second le testing des parasites et leur sensibilité à certaines molécules chimiques. Une fois les résultats obtenus il est possible de vermifuger nos équidés à bon escient et surtout avec la bonne molécule.

Pour ce faire, il suffit de récolter du crottin de son animal et de proposer à un laboratoire agréé (voir avec son vétérinaire ou directement si vous êtes en Europe et en Suisse avec https://www.animaldiagnostic.ch/) la quantité de parasites dont est porteur son cheval, âne ou poney et surtout de décider quelle est la substance la plus adaptée pour éliminer les vers présents.

Que puis-je faire d’autre pour mon équidé ?

Si la seule solution qui permet de tuer les vers intestinaux et/ou pulmonaires chez nos équidés est uniquement chimique, il est possible d’associer des vermifuges naturels à base de plantes qui vont réguler et offrir un biotope moins accueillant pour les parasites, mais ne pourra les tuer.

Mais la chose que nous pouvons tous faire et qui demande simplement du temps, mais ne coûte rien c’est :

  • nettoyer nos parcs régulièrement de tous les crottins afin que nos animaux ne mangent pas dedans
  • limiter la pression du nombre d’individus sur un parc et faire des tournus
  • entretenir la stabulation et/ou le boxe régulièrement pour qu’il soit le plus propre possible
  • faire une à deux analyses de crottins (avant la mise à l’herbe et ensuite à l’automne) pour déterminer état parasitaire de chaque cheval
  • faire une analyse de crottins systématique pour chaque nouvel équidé qui arrive dans l’écurie (prélever le crottin au sortir du van)

etc…

Vous voulez en savoir plus et de manière plus détaillée, alors il est possible de :

Visionner la conférence

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